C'est hard d'oser la joie

Autant que COLAO et CANNAC, quand je t’ai rencontré, tu traînais ces yeux-là, au fond d’un bric à brac, dans une cagette en bois.

Il y avait plein de potes à nous autour de toi.

Tous peintres.

Tous plus âgés.

Dont Marcelle, de la rue Renan.

 

Tous avaient, à défaut de ton regard, tes yeux.

 

Après une nuit sans sommeil, à l’heure où un des miens disait encore merde à l’autre : le chialant, le rouge aux deux coins, le pauvre, le comme les deux tiens… L’autre : le rieur, le vif, l’espiègle, s’est posé sur toi.

 

Tu tirais la gueule.

 

J’en ai plein le sac des tableaux qui font la gueule.

Des miens et pas seulement.

 

La majorité des œuvres figuratives ont toujours fait, au mieux, la moue.

Au pire et de surcroît : la gueule.

 

Quand ce ne sont pas, pour les abstraits, les conceptuels, les titres qu’ils apposent à leurs ouvrages qui alertent, chialent, ragent ou crient.

ARF

 

C’est hard d’oser la joie.

Sa représentation en peintoche.

Et pas que.

Long à tenir un sourire.

Hard à peindre.

Des dents.

ARF.

 

Faut croire que ce n’est pas que drôle, hein…l’amour... la vie... les gens...

Si non, leurs interprètes qu'en sont les peintres auraient fait du Yue Minjun avant Yue Minjun. Non ?

 

Pour panser le pas drôle, ne plus penser certains disent, nombre s’adonnent, aujourd’hui encore, à lâcher leurs chiens tristes sur tout support.

Œuvrant d’arrache-pied à faire briller les yeux en cœur de ceux qui veulent bien, malgré cela et encore, les regarder chialer de les avoir en face des trous.

ARF

 

Faut dire qu’ils peuvent aussi, depuis des lustres, sur un défaut de sourire, pas forcément d’humour, se remplir le portefeuille.

Alors ils s’adonnent et abondent.

 

Les musées en sont pleines.

De blagues pas drôles figées sur des gueules d’enterrement.

 

Non?

 

ARF

 

 

´C’est hard d’oser la joie’

Collaboration avec un(e) peintre inconnu(e)

Tableau issu de la série ´L’art de rien’

Technique mixte sur châssis entoilé

Format 12F (61x50)